Divergences entre les égyptologues
 

Il n'est pas difficile de comprendre que tous les égyptologues ne sont pas d'accord sur certains sujets, il suffit pour cela de lire quelques ouvrages et de relever quelques citations :
 
A/ Sur le 9ème pylône

Il est peu probable que les parties hautes du 9ème pylône aient été vide... (KE 144, Lauffray)

Le 2ème  et le 9ème  pylônes étaient creux...(TK 204, Schwaller)


 
B/ Sur l'état de la salle hypostyle avant la 19ème dynastie

A ce jour aucun indice archéologique ou iconographique attestant qu'une salle à deux rangées de colonnes a effectivement été réalisée avant la salle à seize rangées que nous connaissons. (DAL 44, F. Traunecker)

Des preuves architecturales montrent que cette salle fut conçu primitivement comme une longue nef entre deux pylônes... Cette salle était alors limitée au Nord et au Sud par deux murs dont on a retrouvé les fondations. (TK 103, Schwaller)


 
C/ Sur la méthode d'érection des obélisques

L'hypothèse courante selon laquelle la rampe provisoire aurait été utilisée aussi dans la construction des grands obélisques est inacceptable surtout parceque avec cette solution, il est impossible de diriger le monolithe dans la dernière phase du glissement et du placement sur sa base. (MEP 180, Carpiceci)

Dans le papyrus du scribe Amenemopé... il est clairement indiqué que l'obélisque monte sur une rampe... L'utilisation judicieuse des trappes de vidage permettait de conduire la base de l'obélisque exactement dans le sillon appelé "rainure de pose". (BK 134, Golvin)


 
D/ Sur la méthode de construction des pyramides

Hérodote, 2000 ans après la construction, ne pouvait être plus clair; et on a du mal à croire, pour cela, que tant d'hypothèses puissent avoir dévié d'un tel témoignage à moins de l'ignorer totalement... Hérodote parle de machines pour soulever les pierres d'un degré à un autre, et nous voyons peintes sur un tombeau de Deir-El-Medineh des machines à balancier pour soulever des poids sans poulie ni treuil...(MEP 74, Carpiceci)

Les traîneaux joueront un rôle capital au cours des travaux de construction. Qualifié vaguement par Hérodote de "machines faites de courtes pièces de bois", il est cependant facile d'y reconnaître le traîneau. (SPK 162 G. Goyon)


 
E/ Sur la "cour du Moyen Empire"

Les fragments de colonnes polygônales en grés qui furent retrouvées dans la cour du Moyen Empire semblent indiquer la présence ancienne d'un péristyle. Cet ensemble fut enfermé dans une enceinte, longue de plus de 125 m, par Thoutmès 1er. (EC 302, Barguet)

Les éléments conservés avaient eu tendance à se "multiplier" au fil des publications ... Les parties de Sésostris 1er semblaient devoir encombrer plusieurs magasins. En fait, ils se révélèrent être au nombre de quatre plus quelques fragments. (KRO 95)

Ces quelques exemples montrent que tout n'est pas simple. Comment faire le tri avec un tel amoncellement de "démonstrations preuves à l'appui" ?

Comment s'y retrouver, entre les ouvrages rendus caduques pour cause de découvertes nouvelles, ce qui est bien compréhensible, et les ouvrages totalement farfelus destinés à arrondir les fins de mois de certains auteurs qui en général, selon eux, sont les seuls à détenir la vérité.
Par exemple, dans MEP, l'auteur nous parle de peintures qui prouve la véracité de ses propos, mais il ne nous montre pas l'ombre d'une de ces peintures...
Le type de construction des pyramides qu'il tente de prouver amènerait à manipuler deux fois le volume de la pyramide puisque pour faire monter les blocs de un niveau, il faut remplir un contre poids situé au niveau supérieur, contre poids évidemment légèrement supérieur au poids des blocs à hisser. Donc pour un bloc d'une tonne, il faut monter au préalable une tonne de pierres.
D'après lui, il fallait un bras de levier de six mètres, il ne nous précise pas si le bras de levier du contre poids était plus long afin de diminuer la charge à y placer, admettons que c'était le cas. Avec un bras de levier de douze mètres, il suffisait alors d'un contre poids de 500 kilos pour faire monter une tonne, le problème, c'est que cela fait une "machine" de 18 mètres de long, ce qui parait beaucoup pour un appareil en bois.
Conclusion, il fallait bien manipuler deux tonnes pour en faire monter une...........
Ce qui est plus grave dans l'ouvrage de ce monsieur, c'est le ton utilisé pour la démonstration, la certitude de détenir la vérité, il ne propose pas "une" solution, il donne "la" solution. Pour lui, tous les spécialistes sont dans l'erreur...

En ce qui concerne l'exemple (E), j'ai bien peur que EC fasse partie des publications qui ont multiplié les éléments de Sésostris 1er, à savoir les piliers osiriaques puisque dans KRO, on ne trouve nulle trace sous Thoutmès 1er d'un péristyle de ce type.

Dans un autre style, les divergences peuvent prendre des tournures, disons pointues. Quelques petites phrases relevées par ci par la dans certains ouvrages permettent de se faire une idée de la complexité de se procurer de la documentation digne de fois.
Exemple :
 
... l'inconvénient le plus grave est de priver les étudiants d'instruments de travail récents et le public d'informations crédibles, les laissant à la merci de charlatans qui n'ont pas ces scrupules (QS 1312 86, Valbelle)

Plus gênant sont les ouvrages qui prennent un aspect scientifique pour démontrer des thèses ésotériques, comme "Le temple dans l'homme" de Schwaller de Lubitsch...(QS 1312 16, Valbelle)

Il faut reconnaître en toute honnêteté qu'il est fort difficile pour un chercheur formé à l'école cartésienne, et quelle que soit son ouverture d'esprit et sa bonne volonté, d'accepter, telles quelles, les thèses de Schwaller de Lubicz. Mais la même honnêteté le forcera à reconnaître la très haute qualité des relevés publiés. (DAL 91)

Pour Schwaller de Lubicz et ses émules, dont l'égyptologue A. Varille, le temple est un organisme vivant qui grandit et se développe tel un être humain. (KRS 208)

L'Institut Français d'Archéologie Orientale s'installe à Karnak-Nord, dans le temple de Montou que C. Robichon et A. Varille ...
En 1950 A. Varille nettoie et publie le sanctuaire oriental de Thoutmès III... (HEA 362)

Je me suis appuyé en parti, sur un livre "Les temples de Karnak" de ce même Schwaller de Lubitsch, et je l'utilise souvent dans mon texte pour expliquer tel ou tel aspect de ma restitution. C'est un ouvrage remarquablement illustré de plans et de photos très détaillés. Pour avoir lu le texte de cet ouvrage, je n'ai pas trouvé de trace de thèse ésotérique, mais il ne s'agit pas, il est vrai de l'ouvrage cité par D. Valbelle.

Quant à A. Varille, émule de Schwalle de Lubitsch, il semble avoir été un Egyptologue digne d'être cité par Grimal ...

Un autre sujet me préoccupe, un chapitre lu dans "La vallée des rois" de C. Jacq, qui tend à accuser Madame Christiane Desroches-Noblecourt de connivences avec des propos mensonger au sujet de la momie de Toutankhamon.
 
Le docteur Bucaille, spécialiste de l'étude des momies, a précisé que Douglas Derry, professeur d'anatomie à l'université du Caire, avait littéralement massacré celle de Toutankhamon, la découpant et la tronçonnant afin d'extraire amulettes et objets précieux pris dans les bandelettes, notamment deux en fer, l'une en forme de chevet, l'autre une dague au pommeau en cristal de roche. Bien entendu, le martyre subi par la dépouille du jeune roi fut occulté par les rapports officiels, que cautionna ensuite Desroches-Noblecourt en faisant de Derry le restaurateur de la momie, "carbonisée ou presque par l'accumulation des onguents versé au moment des rites funéraires de la momification". Ducaille démontre que "le rôle destructeur d'onguents utilisés pour la momification est une pure invention", et l'égyptologue américain Hans Goericke déplore que ses confrères "devront, pendant les années à venir, combattrent les fantaisies et les conceptions erronées" répandues à partir de 1963. Ducaille, qui a réellement examiné la documentation, conclut à "l'odieux dépeçage de la momie", et s'élève avec vigueur contre l'occultation de la vérité. (VDR)

A noter que C. Jacq est directeur de l'institut Ramsès, égyptologue et écrivain.
Je ne sais pas ce qu'est cet institut Ramsès, mais je sais que C. Jacq écrit beaucoup, et que ces ouvrages sont en vente libre dans toutes les bonnes grandes surfaces.
Il est regrettable que le dénommé Bucaille n'ait "réellement examiné que la documentation", pourquoi n'a-t-il pas examiné la momie elle même ?
D'autre part; C. Jacq nous parle du "docteur Bucaille", de "Douglas Derry", de "Hans Goericke", et de .... "Desroches-Noblecourt", ce qui me semble un peu cavalier, pour ne pas dire méprisant. Ceci dit, je n'ai personellement strictement rien contre Monsieur C. Jacq...